Un nouveau dauphin échoué à Cannes.

 |  par Patrick JEAN-PIERRE
Le mammifère a été découvert mort, sur la plage Vega Luna, en début de soirée, vendredi dernier. La police municipale et l'équipe animalière des sapeurs-pompiers ont pris en charge l'animal.
Le dauphin a été transporté au Laboratoire vétérinaire départemental, à Sophia-Antipolis, pour analyses.
Pourquoi les mammifères marins s’échouent-ils?
 
Les causes de l’échouage.
On parle d’échouage individuel lorsqu’un animal seul vient s’échouer sur le rivage. Ce phénomène peut survenir pour plusieurs raisons. Des dauphins, des baleines, des marsouins et des phoques peuvent s’échouer lorsqu’ils sont perdus, malades ou blessés. Les animaux sevrés ont parfois des difficultés à survivre seuls et peuvent finir par s’échouer à cause de leur manque d’expérience. Les animaux plus vieux peuvent également mourir de causes naturelles et venir s’échouer.
Malheureusement, l’activité humaine n’est pas dénuée de conséquences sur les mammifères marins, et certains d’entre eux s’échouent ou meurent du fait des interactions avec l’homme. Parmi celles-ci, on retrouve l’enchevêtrement dans les filets de pêche et les débris marins, les collisions avec les bateaux, les coups de feu, et le harcèlement de la part des promeneurs pourtant bien intentionnés. Au cours des dix dernières années, près de 7 % des mammifères échoués que nous avons secourus dans la région avaient été affectés d’une manière ou d’une autre par l’activité humaine.
Le phénomène d’échouage massif ne concerne que les cétacés (dauphins, baleines, et plus rarement marsouins). On parle d’échouage massif lorsque deux animaux ou plus (hormis les couples mère/petit) s’échouent dans la même zone géographique lors d’une même marée. Plusieurs facteurs expliquent ces phénomènes. Tout d’abord, les espèces de baleines et de dauphins impliquées dans ces épisodes d’échouage massif sont, à l’instar des humains, des animaux particulièrement sociables dont la survie et la sécurité dépendent du groupe. Cet esprit de groupe, vital pour la survie en mer, peut parfois conduire les animaux à suivre un individu isolé qui s'aventurerait dans les eaux peu profondes près des côtes, et à s'échouer sur le rivage.
D’autres facteurs peuvent expliquer l’échouage massif, à l’image des prédateurs, des topographies complexes, des flux de marées, des épisodes météorologiques extrêmes, des anomalies géomagnétiques et des perturbations liées aux sonars et à d’autres sources acoustiques. L’échouage massif de baleines et de dauphins est un phénomène qui existe depuis des centaines d’années à Cap Cod, si bien qu’il est peu probable qu’ils soient imputables à l’activité humaine moderne.
 
La structure sociale.
Les espèces de cétacés (dauphins et baleines) qui s’échouent en masse sont souvent des animaux pélagiques (du large) qui vivent au sein de groupes sociaux aux liens très forts. Malheureusement, ces mêmes liens sociaux qui leur sont si utiles en mer peuvent causer leur perte lorsqu’ils s’approchent des côtes. Ces animaux se déplacent toujours en groupe, si bien que si l’un d’entre eux, malade, blessé ou désorienté, s’aventure en eaux peu profondes, c’est l’ensemble du groupe qui peut finir par s’échouer sur le rivage.
 
Les prédateurs.
Les scientifiques et les chercheurs pensent que les prédateurs comme les requins et les orques peuvent pousser les mammifères marins à nager plus près des côtes, et donc à courir le risque de s'échouer.
 
dauphin echoue cannes
 
La topographie complexe.
Les animaux qui s’approchent des côtes à différents moments de l’année peuvent être désorientés et finir prisonniers de la complexité topographique des bras de mer et des avancées de terre en forme de crochet, à l’instar de Cap Cod dans le Massachussetts. La baie de Wellfleet, située sur la baie de Cap Cod, présente elle aussi une forme de crochet, et ce relief explique probablement 60 % des épisodes d’échouage massif qui surviennent à Wellfleet. Les chercheurs ont également relevé des similarités entre les substrats des différentes régions du monde où les animaux viennent régulièrement s’échouer : les sols y sont sablonneux ou boueux et légèrement en pente, ce qui pourrait empêcher l’animal de naviguer à son aise.
 
Les flux de marées extrêmes.
Les épisodes d’échouage massif coïncident souvent avec les cycles de marée de nouvelle et de pleine lune. Les marées particulièrement hautes et basses de la pleine lune donnent la possibilité aux animaux de se rapprocher extrêmement près du rivage, ce qui les empêche ensuite de repartir lorsque l’eau se retire. L’amplitude des marées à Wellfleet Harbor peuvent atteindre 3,6 mètres de hauteur (de la marée haute à la marée basse) lors d’une pleine lune.
 
Les épisodes météorologiques extrêmes.
Les vents forts et les mers houleuses peuvent provoquer des tempêtes et conduire les animaux à se rapprocher plus près du rivage qu’en temps normal, ce qui accroît le risque d’échouage lorsque la marée se retire. De telles conditions météorologiques pourraient également désorienter les animaux nageant dans des zones côtières complexes.
 
Les sonars et la pollution acoustique sous-marine.
De nombreux dauphins et baleines se servent des ondes sonores pour naviguer en mer. Les perturbations acoustiques sous-marines liées à l’exploration pétrolière, aux sonars militaires et à d’autres sources peuvent désorienter les animaux et les faire s’échouer.
 


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