Elle a donné ses ovocytes pour les personnes noires en attente d'un don

 |  par Patrick JEAN-PIERRE
Face au faible nombre de dons d'ovocytes, en particulier ceux issus de personnes non-blanches, cette jeune femme métisse a décidé de donner ses ovules.
BIOÉTHIQUE - C’est avant même les débats sur la PMA et la loi de Bioéthique que Pauline Ayambo s’est intéressée au don d’ovocytes. Pendant l’été 2018, elle a 21 ans lorsqu’elle tombe sur le témoignage d’une femme noire, Sandrine Djeunda, qui explique les difficultés pour les personnes noires d’avoir accès à des ovocytes du même phénotype.
“Vu qu’il n’y a pas beaucoup de femmes noires qui le font, je me suis dit que j’allais le faire, car je suis métisse noire, raconte-elle . J’ai pensé que si déjà à Paris il y en avait peu, alors dans ma ville à Rouen il ne devait pas en avoir beaucoup non plus!”
 
 
Elle décide alors de donner les siens et contacte le CHU de Rouen. Quelques heures plus tard, on la rappelle. “Ils m’ont dit que j’étais la première femme de couleur à donner au CHU et la plus jeune aussi, se souvient-elle. Je leur ai demandé s’ils avaient des personnes en attente, et ils m’ont répondu oui, qu’il y avait plusieurs familles qui attendaient depuis plusieurs années.”
 
D’après les derniers chiffres de l’Agence de la Biomédecine, 746 femmes et 363 hommes ont fait don de leurs gamètes en 2016, et 1200 enfants sont nés. Pour les dons d’ovocytes, le temps d’attente est souvent de plusieurs années.
Un délai qui est multiplié lorsqu’il s’agit d’une femme non-blanche. Car lors d’une PMA avec tiers donneur, les médecins pratiquent ce qui s’appelle “l’appariement”.
 
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C’est le fait de choisir des donneurs qui ont le même phénotype (couleurs des yeux, cheveux, carnation) et le même groupe sanguin, afin de favoriser une ressemblance physique entre donneur et futur parent.
 
Et c’est bien là où cela coince: il y a très peu de dons issus de personnes noires, asiatiques, ou non-blanches en général. “Nous avons souvent des femmes de type africain ou asiatique pour lesquelles ces dons sont beaucoup plus rares, avait témoigné Rebecca Nielbien, de l’association MAIA, lors des auditions préalables à l’examen du projet de loi de Bioéthique. Il est difficile d’en trouver.” Un argument pour elle à encourager le don dirigé de manière encadrée.
 
Pour donner ses ovocytes, il faut être âgée de 18 à 37 ans, en bonne santé et avoir l’accord de sa compagne ou de son compagnon - il en va de même pour le don de sperme. Après stimulation hormonale sur plusieurs jours ou semaines, une dizaine d’ovocytes en moyenne sont recueillis par voie vaginale sous anesthésie. Ils seront proposés à deux ou trois receveuses, ce qui conduira, en moyenne, à une naissance.
Depuis le décret publié en janvier 2016, les femmes qui n’ont pas encore eu d’enfant peuvent donner des ovocytes. Ce qui a considérablement élargi le spectre. Mais pas suffisamment.


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