À l'heure où l'on commémore la Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage, les chiffres publiés par l'Organisation internationale du travail (OIT), Walk Free et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) sont accablants : 50 millions de personnes vivaient en situation d'esclavage moderne en 2021, dont 28 millions en travail forcé et 22 millions en mariage forcé. Et derrière cette tragédie humaine se cache une réalité économique abjecte : le travail forcé génère annuellement 236 milliards de dollars de profits illicites pour les exploiteurs.
Bien que l'esclavage moderne ne soit pas défini dans la loi, il est utilisé comme un terme générique couvrant des pratiques telles que le travail forcé, la servitude pour dettes, le mariage forcé et la traite des êtres humains. Il vise le plus souvent des groupes considérés comme appartenant à des castes inférieures, des minorités ou encore des peuples autochtones.
La Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage commémore l'adoption de la Convention pour la répression et l'abolition de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui par l'Assemblée générale de l’ONU le 2 décembre 1949.
« Les formes contemporaines d’esclavage sont perpétuées par des réseaux criminels qui s’en prennent aux personnes qui luttent contre l’extrême pauvreté, la discrimination ou la dégradation de l’environnement [...]. Elles arrachent aux personnes leurs droits et leur humanité » a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres.
Ces exemples montrent que l'esclavage moderne est souvent caché dans les chaînes d'approvisionnement, les foyers privés ou les zones de conflit. Il est amplifié par la pauvreté, les migrations forcées et le changement climatique. Des organisations comme l'OIT, l'ONU et des ONG comme Anti-Slavery International appellent à renforcer les lois, la transparence des entreprises et la protection des victimes.
L'esclavage moderne, ou traite des êtres humains, est une réalité en France malgré son interdiction constitutionnelle et pénale. Il prend plusieurs formes : exploitation sexuelle (la plus courante), travail forcé, servitude domestique, mendicité forcée ou contrainte à commettre des délits. Ce phénomène reste souvent invisible, car il se déroule dans la sphère privée ou dans des secteurs informels.
Statistiques récentes (2024-2025)
Selon une enquête annuelle des associations (MIPROF et SSMSI, octobre 2025) : 7 285 victimes repérées en 2024, en hausse de plus de 20 % par rapport à l'année précédente. Parmi les 4 823 prises en charge : 89 % de femmes, majoritairement victimes d'exploitation sexuelle (86 %).
Données officielles police/gendarmerie (2024) : environ 2 100 victimes enregistrées, stable par rapport à 2023, dont 23 % de mineurs et 63 % de femmes. 47 % pour proxénétisme, 36 % pour exploitation par le travail.
Le Comité contre l'esclavage moderne (CCEM) traite 350-400 signalements par an, principalement de servitude domestique, et a accompagné plus de 1 000 victimes depuis 1994.
Les victimes sont souvent migrantes vulnérables (sans papiers, en situation irrégulière), mais incluent aussi des Français. Les mineurs sont en augmentation (+22 % en 2024 pour certains cas).
Le terme esclavage moderne (ou « formes contemporaines d'esclavage ») est utilisé pour désigner des situations d'exploitation extrême où une personne est privée de sa liberté et traitée comme une marchandise, même si cela ne correspond pas exactement à l'esclavage historique (dit « chattel slavery », où l'esclave était légalement une propriété).
Déshumanisation et perte de liberté : Comme dans l'esclavage classique, la victime est contrôlée par la violence, les menaces, la coercition, la tromperie ou l'abus de pouvoir. Elle ne peut refuser ou quitter la situation d'exploitation.
Traitement comme une chose : La personne est exploitée pour un profit (travail forcé, exploitation sexuelle, etc.), souvent avec confiscation de documents, isolement et dépendance totale.
Cela rappelle les critères de la Convention sur l'esclavage de 1926 (Société des Nations), qui définissait l'esclavage comme l'exercice d'attributs du droit de propriété sur une personne.
Sensibiliser le public et mobiliser : Le mot « esclavage » évoque une horreur morale universelle et un crime contre l'humanité. Il choque et pousse à l'action, contrairement à des termes plus techniques comme « travail forcé » ou « traite des êtres humains », qui peuvent sembler abstraits.
Mettre en lumière la continuité : Malgré les abolitions légales (dernier pays : Mauritanie en 1981), ces pratiques persistent et se sont adaptées (servitude pour dettes, traite migratoire, etc.). Le terme souligne que l'esclavage n'est pas éteint.
Terme générique adopté par les organisations internationales : L'ONU et l'OIT l'utilisent comme « umbrella term » (terme parapluie) pour englober travail forcé (28 millions de victimes), mariage forcé (22 millions), exploitation sexuelle, etc. Estimations 2021 : 50 millions de personnes touchées, générant 236 milliards de dollars de profits illégaux par an.
Pas de propriété légale : Aujourd'hui, l'exploitation repose sur un contrôle de fait (dette, menaces), pas sur un statut juridique d'esclave. Certains experts préfèrent « travail forcé » (défini par l'OIT en 1930) pour éviter la confusion.
Risque de minimiser ou d'exagérer : Le terme peut diluer la gravité de l'esclavage historique ou, au contraire, faire passer des exploitations « ordinaires » (mauvais salaires) pour de l'esclavage extrême.
Des critiques soulignent qu'il met l'accent sur des cas exceptionnels plutôt que sur les abus systémiques dans le monde du travail.
Malgré cela, il reste dominant chez les ONG (Anti-Slavery International, Walk Free) et l'ONU pour sa force mobilisatrice.