En cette fin d’année 2025, les rapports des grandes organisations internationales dressent un tableau alarmant : la liberté de la presse et la sécurité des journalistes atteignent des niveaux critiques, inédits depuis des décennies. Reporters sans frontières (RSF) et l’UNESCO alertent sur une dégradation accélérée, marquée par des pressions économiques, politiques, des violences physiques et une impunité généralisée.
Pour la première fois, la situation globale de la liberté de la presse est qualifiée de « difficile » par RSF dans son Classement mondial 2025. Plus de la moitié de la population mondiale (4,25 milliards de personnes) vit dans des pays en zone rouge (« très grave »), soit 42 pays. Le score moyen mondial tombe sous les 55 points, un seuil jamais franchi.
Malgré les engagements internationaux visant à mettre fin à l'impunité pour les meurtres de journalistes, les poursuites judiciaires restent rares. Si des progrès modestes ont été réalisés, le taux d'impunité étant passé de 95 % en 2012 à 85 % en 2024, la plupart des auteurs de ces crimes restent impunis.
Aujourd'hui, les journalistes sont confrontés à un spectre toujours plus large d'attaques - physiques, numériques, juridiques. Certains sont victimes de menaces qui les obligent à fuir leur foyer : depuis 2018, plus de 900 journalistes en Amérique latine et dans les Caraïbes ont été contraints à l'exil.
Nous reviendrons de manière plus critique sur ce rapport de l'Unesco
Si ce document est salué pour sa rigueur factuelle, basée sur des données de partenaires comme Reporters sans frontières (RSF) ou le Committee to Protect Journalists (CPJ), il n'échappe pas à des critiques sur son champ d'analyse. En effet, il se concentre essentiellement sur les menaces externes et physiques – violences, emprisonnements, censure étatique – au détriment de formes plus subtiles de restriction dans les démocraties libérales. C'est ici que s'inscrit le point soulevé par certains observateurs : l'absence de condamnation explicite du "wokisme" (terme péjoratif désignant une idéologie progressiste perçue comme excessive, centrée sur la justice sociale, l'inclusivité et la correction politique) et des "journalistes d'ultra-gauche" accusés de biais partisans.