La France, berceau historique du christianisme en Europe et pays de la laïcité, sombre dans une ère d'intolérance religieuse qui n'épargne plus personne.
Longtemps focalisée sur la flambée des actes antisémites – explosés après le 7 octobre 2023 –, l'attention publique semble occulter une réalité tout aussi alarmante : les chrétiens sont désormais les victimes les plus nombreuses d'actes antireligieux, avec une persistance chronique et une gravité croissante. Après les juifs, les chrétiens paient le prix d'une société où la haine religieuse se banalise, sous le regard souvent indifférent des autorités et des médias.
En 2024, selon le bilan du renseignement territorial, 770 actes antichrétiens ont été recensés, représentant environ un tiers de l'ensemble des faits antireligieux en France. Si ce chiffre marque une légère baisse de 10 % par rapport à 2023 (857 actes), il masque une aggravation qualitative terrifiante : les incendies criminels visant les églises ont bondi de plus de 30 %, passant de 38 à 50 cas. Vols d'objets liturgiques, profanations de tabernacles, dégradations blasphématoires et même vols d'hosties consacrées se multiplient. En 2025, la tendance s'inverse à la hausse : entre janvier et mai, 322 actes antichrétiens (+13 % par rapport à 2024), dont une quasi-doublement des atteintes aux personnes (+96 %). Au premier semestre, ce sont 401 faits qui ont été dénombrés.
Ces actes ne sont pas de simples "dégradations" anodines, comme certains tentent de les minimiser. Ils touchent au sacré : statues de la Vierge décapitées ou brûlées pendant une messe (comme à Guingamp en septembre 2025), autels souillés d'excréments, inscriptions satanistes ou anarchistes sur les murs des églises. La France, avec ses 45 000 édifices chrétiens, concentre 41 % des actes antichrétiens en Europe en 2023 selon l'Observatoire sur l'intolérance et les discriminations envers les chrétiens. Et pourtant, silence radio : pas de plateforme dédiée pour signaler ces actes, contrairement à ceux visant les juifs ou les musulmans. Pas de mobilisation massive, pas de dîner du CRIF équivalent pour dénoncer cette "christianophobie".
Comparons avec les actes antisémites : en 2024, 1 570 actes recensés (légère baisse par rapport aux 1 676 de 2023, mais toujours un niveau historique, multiplié par quatre depuis 2022). Ces faits sont majoritairement des atteintes aux personnes (64-65 %), souvent violents : viols antisémites, agressions physiques, tags "Mort aux juifs". À juste titre, ils suscitent indignation nationale et internationale. Mais pourquoi cette asymétrie ? Les chrétiens, majoritaires et donc "moins visibles" en tant que minorité persécutée, méritent-ils moins de protection ?
Cette intolérance n'est pas isolée. Les actes antimusulmans ont bondi de 75 % début 2025. La haine religieuse frappe toutes les confessions, alimentée par des extrémismes variés : islamisme radical, laïcisme militant, anarchisme d'extrême gauche. Mais l'État semble inégal dans sa réponse : vigilance accrue pour les synagogues et mosquées, mais églises laissées ouvertes, vulnérables, sans dispositif spécifique de signalement.
Il est temps de briser le tabou. La France ne peut tolérer que ses églises deviennent des cibles impunies. Les chrétiens ne demandent pas de privilèges, mais l'égalité : protection renforcée, sanctions exemplaires, reconnaissance pleine de ces actes comme haineux. Sinon, après les juifs, ce sont bien les chrétiens qui trinquent dans une République qui oublie ses racines.