Ce mercredi 5 novembre, passé 18 heures, jaillit un cri du coeur. C’est Loy Krathong.
Le festival de l'eau et des lumières, Sans doute, le plus bel événement festif de Thaïlande.
Tout ce qui est fleuve, rivière, klong, lac, étang, mare, étendue liquide brille soudain de centaines de milliers de radeaux en végétal que surmonte une petite flamme, gage d’espoir, promesse de vie.
Chaque promeneur, toutes générations confondues, se saisit d’une embarcation confectionnée en feuilles de bananes, décorée de fleurs odoriférantes aux pétales délicats, piquetée de bougies et de bâtonnets d’encens...et le tour est presque joué.
Il faut encore s’en remettre à la bienveillance de la déesse de l’eau. Obtenir ses faveurs pour qu’elle accorde un destin radieux.
L’exercice consiste en quelques gestes rodés par la patine des siècles. Quand arrive le moment le plus signifiant, chacun a conscience d’être une partie infinitésimale dans une cosmogonie d’ensemble, propre à cet Orient si mystérieux pour le profane venu d’ailleurs.
Il convient alors de déposer son petit esquif, le confier au courant. Retenir son souffle en le voyant s’éloigner en se dandinant sur les premières vaguelettes. Parfois il prend le large en tremblotant, poussé par le vent.
Au parc Lumpini de Bangkok, spectacle grandiose au coeur de la ville trépidante. Une farandole de lumière se déploie en mille éclats. Il faut se laisser happer et, immanquablement, les prunelles étincellent à absorber tant de magnificence.
Effet garanti, l’obscurité recule au long des berges du lac. Lieu d’habitat des varans placides. Ils sont comme un surgissement de la préhistoire, quand, à l’arrière-plan, se dressent les tours futuristes des nouveaux shopping malls, Dusit Central Park et One Bangkok. Certes, le contexte incite à la mesure et à la retenue. Sentiments de circonstance conjugués à une ferveur constante.

Très vite, la foule s’agglutine.
Pour cette édition 2568, version bouddhique du millésime 2025, priment la dévotion et le recueillement en hommage à la Reine Mère Sirikit, disparue il y a peu. De toute évidence, l’adhésion à la monarchie est ressentie en pareille occasion avec une particulière acuité par l’ensemble du peuple thaï. Cette période de deuil apparaît comme propice au processus de purification de l’âme.
Honorer une divinité primordiale et, simultanément, la Mère de la nation, vont de pair.
En toile de fond, il y a la foi inébranlable en quelques valeurs immémoriales. Elles irriguent la psyché siamoise.
Lot commun à tous les sujets du du Roi Rama X, la thainess est une culture du partage. Ce soir, s’impose une forme très aboutie de communion humaine.
En définitive, les 77 provinces qui s’étirent avec grâce entre fleuve Mékong et mer Andaman réussissent avec un émerveillement non feint à vivre au diapason de la beauté.
Aucune attirance pour le clinquant. Juste un engouement pour un moment étincelant.
Dans ce somptueux Royaume, Loy Krathong a offert en ces temps d’affliction, une parenthèse réellement magique.