En Biélorussie, le cheval est partout : dans les campagnes, dans les clubs d’équitation, dans les fêtes traditionnelles. On le monte, on le travaille, on l’aime, parfois. Mais quand il vieillit, quand il se blesse, quand il ne « sert » plus, il disparaît. Direction l’abattoir. Pas de retraite, pas de préretraite, pas de seconde chance. Un cheval cassé, c’est un cheval mort.
À 34 ans, cette ancienne cavalière de concours a tout plaqué : son appartement à Minsk, son poste dans une entreprise d’import-export, ses week-ends en boîte. Elle a racheté une vieille ferme à deux heures de la capitale, près du village de Rakov, et elle y accueille, un par un, les chevaux que plus personne ne veut.
Chez Ekaterina, ils ont un nom, une couverture l’hiver, un vétérinaire qui vient même quand il n’y a presque plus d’argent, et surtout : du temps. Du temps pour guérir, du temps pour brouter, du temps pour être simplement un cheval.
Ekaterina ne sauve pas tous les chevaux de Biélorussie. Elle le sait. Chaque semaine, des camions partent encore vers les abattoirs. Mais elle sauve ceux qu’elle peut. Et surtout, elle montre que c’est possible. Qu’on peut dire non. Qu’on peut choisir la vie longue et lente plutôt que la mort rapide et rentable.Un jour, elle l’espère, il y aura d’autres fermes comme la sienne. D’autres fous, d’autres mains tendues, d’autres prés où des vieux chevaux pourront mourir de vieillesse, le ventre plein et le cœur léger.En attendant, elle continue.