Imaginez : au cœur de Casablanca, un blogueur balance un pamphlet virulent contre les Frères musulmans, accusant l’islam politique de gangrener la société. Réaction ? Un haussement d’épaules collectif, peut-être un débat animé au café. Transposez la scène à Paris : le même texte déclenche une tempête – plaintes pour "islamophobie", annulations de conférences, et une meute numérique prête à vous lyncher pour "stigmatisation". Paradoxe apparent ? Non, réalité crue. En 2025, il est souvent plus aisé de cogner l’islamisme au Maroc, bastion musulman, qu’en France, autoproclamée terre de la laïcité. Pourquoi ? Parce que là-bas, l’État tient les rênes ; ici, la tyrannie du consensus et la victimisation ambiante musellent les audacieux.
Le Maroc n’est pas l’Arabie saoudite. Roi Mohammed VI, "Commandeur des croyants", mais pragmatique : depuis 2011, il a réformé le droit familial (Moudawana) pour booster les droits des femmes, et en 2012, le Conseil des oulémas a redéfini l’apostasie – plus de peine de mort pour changer de religion, sauf trahison nationale.
Les dernières années ont vu des progrès notables, particulièrement en éducation, santé et participation politique. Le rapport du HCP "La femme marocaine en chiffres 2025" met en lumière une génération féminine plus instruite et autonome, portée par des politiques publiques ambitieuses comme le Nouveau Modèle de Développement (2021), qui place l'égalité au cœur de la stratégie nationale.
Malgré ces pas en avant, le Maroc stagne au 137e rang sur 148 au Global Gender Gap Index 2025 (score de 0,628, inchangé depuis 2024), et au 113e sur 172 au Rapport mondial sur le développement humain du PNUD pour l'indice d'inégalité de genre.
L’islam est religion d’État, mais l’islamisme politique ? Un ennemi intime, combattu de front.Les islamistes existent – le PJD (Parti de la justice et du développement) au pouvoir jusqu’en 2021, ou Justice et Spiritualité en marge. Mais l’État les encadre : arrestations de salafistes radicaux post-attentats de 2011, censure sélective des prêches extrémistes.
Critiquer l’islamisme ? C’est aligné sur la ligne royale : anti-wahhabisme, pro-modernité. Des intellectuels comme Abdellatif Laâbi ou des médias comme TelQuel balancent sans trembler, dénonçant le "retour aux sources obscurantistes". La société, traumatisée par les attentats de 2003 (45 morts), tolère mal les discours rigoristes. Résultat : un espace pour la critique, tant qu’on ne touche pas au roi ou à l’unité nationale. Ironie : dans un pays où l’islam est intouchable en théorie, l’islamisme politique est un punching-ball légitime.
À l’inverse, la France – championne de la séparation Église-État depuis 1905 – patine dans la gadoue. La laïcité, censée libérer la parole, est devenue un bouclier pour les communautaristes. Critiquer l’islamisme ? Vous voilà estampillé "islamophobe", raciste, ou pire, complice de l’extrême droite. Le rapport gouvernemental de mai 2025 sur les Frères musulmans en France – 100 pages sur leur "entrisme" dans les assos et les mosquées – a déclenché l’ire : plaintes de LFI, accusations de "stigmatisation" par des imams.
Trois députés insoumis saisissent la Commission des sondages pour un Ifop novembre 2025 révélant une "réislamisation" chez les musulmans : "Agenda islamophobe !", hurlent-ils.
Les cas pullulent. Éric Zemmour condamné pour "provocation à la haine" en 2024 pour des propos sur l’islam "incompatible avec la République". Mila, lycéenne de 16 ans, traînée en justice depuis 2020 pour un live anti-islam – cinq ans de menaces de mort, et toujours pas de paix.
Samuel Paty, décapité en 2020 pour avoir montré des caricatures ? Son procès en 2025 met en lumière une gauche "victimaire" alliée aux Frères, selon Le Point.
La loi "séparatisme" de 2021, censée museler l’islam politique, est torpillée par des assos comme le CCIF (dissous en 2020 pour "propagande islamiste"), qui contre-attaque via l'"islamophobie" comme arme de dissuasion.
Critère | Maroc
| France
|
Cadre légal | Islam d’État, mais réformes anti-extrémisme (2012). Critique OK si pro-royale. | Laïcité stricte, mais lois anti-haine (Loi Pleven 1972) utilisées contre critiques. |
Risques pour le critique | Harcèlement judiciaire si anti-État ; sinon, toléré. | Menaces physiques + plaintes (ex. : sondages Ifop attaqués en 2025). |
Société | Traumatisme anti-islamiste post-attentats ; consensus anti-wahhabisme. | Polarisation : gauche "antiraciste" vs droite "laïque" ; peur du "stigma". |
Exemples récents | Médias comme Le Desk dénoncent PJD sans backlash massif. | Rapport Frères musulmans : tollé, plaintes de CDCM. |
Sources : Agrégation de rapports officiels, 2025.
Pourquoi ce renversement ? Au Maroc, l’État dicte le tempo : critique l’islamisme, et tu sers le roi. En France, c’est le chaos démocratique – ou plutôt, la démocratie pervertie. La gauche radicale, hantée par le passé colonial, voit toute critique comme du racisme.
LFI qualifie les sondages Ifop de "bidons" pour masquer une réislamisation rampante : 28 % des musulmans pour la charia en 2025.
Les réseaux sociaux amplifient : un tweet anti-islamiste = fatwa numérique. Résultat ? Auto-censure galopante. Comme l’écrit Jean-Pierre Sakoun dans Le Point : "On redoute le scandale plus que la servitude."
Ironie suprême : au Maroc, pays "islamique", la liberté d’expression sur l’islamisme est "à géométrie variable" mais fonctionnelle contre les radicaux.
En France, "laïque", elle est piégée par une hypersensibilité victimaire qui protège l’islamisme plus que les citoyens. Zineb El Rhazoui, ex-Charlie, le dit cash : "Une chape de silence étouffe toute critique."
Ce paradoxe n’est pas anodin : il révèle une France qui, sous couvert d’antiracisme, tolère l’intolérance. Au Maroc, critiquer l’islamisme renforce l’État ; en France, ça le fragilise.