Shein et Temu, ces géants chinois de l'e-commerce ultra-low-cost, sont effectivement au cœur d'une tempête en France. Les commerçants et fédérations du secteur les accusent de concurrence déloyale. Et les acheteurs, les consommateurs ? Qu'en pensent-ils ?
Shein et Temu, ces géants chinois de l'e-commerce ultra-low-cost, sont effectivement au cœur d'une tempête en France. Les commerçants et fédérations du secteur (comme le Conseil du Commerce de France ou la Confédération des Commerces de France) les accusent de concurrence déloyale : exonération de droits de douane sur les petits colis (moins de 150 €), non-respect des normes européennes (85-95 % des produits non conformes selon des enquêtes européennes), produits dangereux (jouets toxiques, armes en vente libre, etc.), exploitation ouvrière et impact environnemental massif (équivalent de 88 Boeing 777 par jour pour le transport).
Résultat ? Des actions en justice collectives (12 fédérations et 100 marques attaquent Shein pour des centaines de millions d'euros de préjudice), une taxe de 2 € sur les petits colis hors UE adoptée par les députés le 19 novembre 2025, et des appels au déréférencement des sites.
L'UE suit, avec des mesures prévues pour 2026. Ces plateformes, qui ont vu leurs ventes exploser (Shein +58 %, Temu +178 % en 2023-2024), sont vues comme des "fossoyeurs" des centres-villes, contribuant à +51 % de défaillances chez les habilleuses françaises.
Que pensent les consommateurs, ces 23 millions de clients Shein et 16 millions de Temu en France (sur 39 millions d'acheteurs en ligne) ? Malgré les scandales (69 % des produits non conformes selon Test-Achats/UFC-Que Choisir), ils restent accros. Influenceuses en première ligne .
Malgré les controverses récurrentes sur la concurrence déloyale, les risques sanitaires et l'impact environnemental, Shein et Temu continuent de séduire une large part des Français. D'après le baromètre Fevad-Médiamétrie du troisième trimestre 2025, ces plateformes chinoises affichent des progressions fulgurantes : Temu consolide sa 3e place avec 24,6 millions de visiteurs uniques mensuels (+2 millions par rapport au trimestre précédent), tandis que Shein grimpe à la 6e place avec 19,5 millions (+3 millions). Au total, près de 80 % des Français (51 millions) consultent au moins un site e-commerce du Top 20 chaque mois, et les géants low-cost en captent une part croissante. Pourtant, les sondages révèlent une opinion mitigée : 98 % connaissent Shein, mais 48 % en ont une mauvaise image, et autant jugent ses produits de "piètre qualité". Voici un décryptage basé sur des enquêtes récentes et des réactions spontanées.
Un sondage Ipsos-BVA d'octobre 2025 (échantillon de 1 000 personnes) met en lumière ce clivage : 67 % n'ont pas acheté chez Shein ces six derniers mois, mais 26 % l'ont fait (même proportion pour Temu). Près de 49 % optent encore pour la fast fashion classique (Zara, H&M), mais l'ultra-fast fashion gagne du terrain. Autre paradoxe : 70 % des Français souhaitent freiner l'expansion de ces géants, avec un fort soutien pour des taxes élevées sur les petits colis (45 %) ou un renforcement des normes sociales/environnementales (50 %). L'enquête UFC-Que Choisir de 2025 alerte sur 57 % de produits dangereux (69 % non conformes globalement), comme des jouets toxiques ou des chargeurs défectueux, mais cela n'entame pas la fréquentation.