Echanges de tirs, escarmouches et hostilités sporadiques. Des affrontements ont éclaté, dimanche 7 décembre, à Pha Lak, Si Sa Ket.
Deux soldats blessés côté thaïlandais. Phom Penh rejette la responsabilité de cette série de clashes sur la partie adverse. Cependant, les accrochages ont été jugés suffisamment sérieux par les autorités de Bangkok au point de lancer un ordre de mobilisation générale en direction des populations civiles.
Ainsi, dès le début de l’après-midi, toutes les familles ont dû évacuer le secteur sud de la province de Surin. Aux abords immédiats de la chaîne montagneuse Dangrek. Mais, si l’on considère le tableau d’ensemble, ce sont les habitants de tous les villages, soit des dizaines si ce n’est des centaines de milliers de paysans et leurs proches, qu’il faut acheminer à la hâte vers des centres d’accueil et des abris à 115 kms plus au nord. A peine le temps de se saisir d’un paquetage rudimentaire et d’emporter sous le bras des baluchons débordant d’effets personnels.

Plus tôt, les phuuyai baan, équivalents des chefs de village, avaient déjà convoyé les personnes âgées et les handicapés dans leurs véhicules personnels. Nécessité faisant loi, nombre de voitures individuelles se sont transformées en transports de troupes.
Tous les foyers disposant de leur propre moyen de locomotion se sont rués dans les stations service. Faire le plein à tout prix. En prévision de.....sans que l’on sache quoi précisément.
Les consignes d’évacuation valent prioritairement pour les 4 provinces soeurs: Buri Ram, Surin, Si Sa Ket et Ubon Ratchathani, limitrophes du Cambodge.
Le gouvernement promet de faire intégralement respecter et appliquer ses décisions sur le terrain. Bourgades et hameaux du sud Isaan seront entièrement désertés dans les plus brefs délais.Seule présence humaine, des rondes épisodiques de volontaires de sécurité ( security volunteers) et des patrouilles d’agents recrutés pour des missions de gardiennage.
Reste que la tâche est immense vu l’étendue du territoire.
Dans la plupart des cas, le bétail est laissé sans surveillance dans les champs à l’abandon.
A noter toutefois, que le secteur santé est, cette fois, exempt de la moindre panique. Tous les hôpitaux ont pris les devants, transférant leurs patients vers des établissements plus sûrs.
Au total, le sud de l’immense région du Nord-Est revit un moment bric-a-brac. Sorte de bis repetita, heureusement en mode mineur pour l’instant, de l’épisode guerrier particulièrement sanglant d’il y a plusieurs mois.
Le gîte et la nourriture sont garantis aux déplacés mais les conditions de leur installation improvisée sont évidemment spartiates. Dormir à même le sol sur des nattes et des couvertures est un exercice obligé auquel tout le monde, des vieillards aux bébés, se plient toutefois de bonne grâce. Après tout, dans ces régions, un tel usage relève tout simplement du mode de vie traditionnel.
Plus problématique: des milliers de personnes s’entassant dans les points de ralliement, la saturation et la promiscuité sont inévitables à brève échéance.
Dans les 4 provinces, les gouverneurs et leurs adjoints ont entrepris de sillonner les secteurs concernés. Coordination logistique et soutien psychologique primordial aux plus démunis.
Les décideurs locaux vont d’ailleurs recevoir la visite du Premier ministre accompagné du ministre de la défense. Khun Anutin qui n’en a pas pour autant fini avec la gestion du désastre post-inondations à Hat Yai, dans le grand sud.
Depuis la capitale où ils vivent et travaillent, les gens d’Isaan observent avec quelque anxiété l’évolution de ces péripéties inquiétantes.
Suivre la situation en continu dans les jours à venir est pour ces citadins, souvent par contrainte économique, une ardente obligation. Combien de temps durera l’exil forcé de leurs parents restés au pays?
Les incidents armés de ce dimanche démontrent la fragilité de l’accord signé il y a peu en Malaisie sous la férule coercitive de Donald Trump.
Le Royaume de Siam voudra-t-il, une fois de plus, en découdre avec le voisin khmer jugé incorrigiblement belliqueux? Pour l’heure, l’incertitude est totale.