Le 3 décembre 2025, l'Assemblée nationale a été le théâtre d'une audition tendue et révélatrice au sein de la commission d'enquête parlementaire sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l'audiovisuel public.
Face aux députés, des représentants de la Cour des comptes – Nacer Meddah, président de la troisième chambre, Christine de Mazières, contre-rapporteure, Jeanne-Marie Prost, cheffe de file des rapporteurs, et Gwénaëlle Suc, rapporteure du rapport sur France Télévisions – ont dressé un tableau accablant de la situation financière du groupe public. Ce face-à-face, diffusé en direct sur LCP, s'inscrit dans le prolongement d'un rapport publié en septembre dernier, qui alerte sur un "déficit cumulé de 80 millions d'euros" et une "situation critique" menaçant la pérennité de France Télévisions d'ici 2026. Alors que Delphine Ernotte-Cunci, PDG du groupe, est attendue le 10 décembre pour un "grand oral", cette audition met en lumière les failles structurelles d'un mastodonte financé par les contribuables, entre promesses non tenues et soupçons de pressions occultes.
Depuis la publication, le 23 septembre 2025, du rapport de la Cour des comptes sur la gestion de France Télévisions, les alertes se multiplient. L'institution financière, compétente en matière de culture et de communication, pointe une "forte dégradation financière" entre 2017 et 2024, avec un résultat net négatif de -40 millions d'euros prévu pour 2025 seul. Malgré des audiences "de premier plan", le groupe est accusé de "charges d'exploitation trop élevées" et de "rigidités" en ressources humaines, rendant sa situation "non soutenable sans réformes structurelles majeures".
Ce document, qualifié de "rigoureux" par Ernotte elle-même, qui s'y est dite "souscrite à l'ensemble des recommandations", n'en est pas moins un couperet : il enjoint à des réformes "sans délai" pour éviter une dissolution potentielle.
Cette audition de la Cour des comptes n'est pas un épilogue, mais un prologue à une bataille acharnée pour l'avenir de l'audiovisuel public. En exposant une gestion "critique" et des opacités persistantes, elle oblige France Télévisions à un mea culpa forcé. Le 10 décembre, Ernotte passera l'épreuve du feu : parviendra-t-elle à conjurer la "dissolution" brandie par les sages de la rue Cambon ?
Au-delà des chiffres, c'est la crédibilité d'un service financé à hauteur de 4 milliards d'euros annuels qui est en jeu. Les Français, contributeurs forcés, attendent des comptes – clairs et impartiaux.