L’âme nomade pense qu’elle ne touche à rien. En réalité, elle touche à tout, mais du bout des doigts, sans jamais serrer.La responsabilité n’est pas de renoncer au mouvement.
La vraie liberté commence quand on accepte de ralentir assez pour voir les visages derrière les objets, les terres derrière les livraisons, les silences derrière les promotions.
Ce n’est pas revenir en arrière. C’est avancer en adulte : choisir, parfois, de payer le prix réel plutôt que le prix apparent ; choisir, parfois, d’attendre plutôt que de posséder ; choisir, parfois, de réparer plutôt que de remplacer.Il ne s’agit pas d’être parfait.
Il s’agit d’être présent. Un jour, l’âme nomade comprendra que le plus beau voyage n’est pas celui qui nous emmène le plus loin, mais celui qui nous ramène à nous-mêmes, un peu plus lucides, un peu plus doux, un peu plus responsables de la trace que nous laissons.Elle n’aura pas perdu ses ailes.
Elle aura simplement appris à les poser, de temps en temps, là où ça compte.
Carole Bertrand-Vivier nous éclaire sur "Notre responsabilité".
Elle traverse les fuseaux horaires en un glissement de pouce, passe d’une ville à l’autre sans quitter son canapé, collectionne les images de lieux qu’elle ne foulera jamais, les objets qu’elle ne gardera pas, les désirs qu’elle abandonne avant même de les avoir satisfaits.
Cette part, c’est l’âme nomade des temps modernes : elle n’a plus besoin de caravane ni de bateau, un écran suffit. Elle est partout et nulle part, légère comme l’air, lourde comme le monde qu’elle laisse derrière elle.On l’a baptisée de mille noms flatteurs : curiosité, liberté, ouverture au monde.
Elle fuit la lourdeur des attaches, la patience qu’exige la durée, le poids de la conséquence. Elle veut tout, tout de suite, sans trace. Elle consomme des paysages comme des vêtements, des relations comme des stories, des objets comme des émotions. Elle croit voyager ; elle ne fait que survoler.