Dans les écoles restées ouvertes des provinces du sud Isaan, Buri Ram, Surin, Si Sa Ket, Ubon Ratchathani, proches de la frontière avec le Cambodge, la journée a encore été ponctuée par les alertes et le retentissement des sirènes. C'est stressant, certains roulent quelques larmes mais les élèves thaïlandais semblent désormais rodés à l'exercice. Comme une volée de firebacks, l'oiseau national du Royaume, ils courent se réfugier dès qu'une menace se précise. Tous aux abris. Ce pourrait être un jeu genre "Sauve qui peut ".
Phnom Penh
Sauf que c'est très sérieux. Rien de ludique.
Tôt dans la matinée, trois soldats thaïlandais de faction au temple Ta Kwai en plein secteur civil dans la province de Surin ont été tués par une salve de roquettes B21.
Les tirs de projectiles meurtriers par les troupes khmères en terrain siamois sont récurrents.
Ce sont près de 100.000 habitants du sud Isaan qui ont trouvé refuge dans des centres d'accueil. Ils continuent d'affluer. Les familles s'entassent. Ambiance un peu désordonnée. Tempérée par une solidarité à toute épreuve sous la supervision des autorités locales. Prendre son mal en patience. Ça, l'âme siamoise sait faire. En ce pays de ruralité profonde, la résistance à l'ennui et au découragement est presque infinie.
Beaucoup sont des chawnaa ( prononcer tchaona ) des paysans qui ont dû laisser en l'état rizières, champs, buffles, bovins et volailles dans la précipitation causée par les premiers bombardements jeudi 24 aux aurores.
Pointe d'ironie au passage: les habitants de cette région parlent la langue isaan dans une variante mâtinée de khmer.
Cette proximité culturelle ne suffit pas à enrayer les hostilités. La guerre est une affaire étatique. Au chapitre opérations de représailles, les chasseurs F16 de l'armée de l'air thaïe ont pilonné à plusieurs reprises ce vendredi 25 des positions militaires en territoire cambodgien. Gros dégâts. Des dépôts d'armes ont été puvérisés par les frappes.
Au plan humain, bilan évolutif mais incertain en l'état actuel des informations disponibles. Le Cambodge a réclamé, vendredi 25 juillet, un « cessez-le-feu immédiat » et « inconditionnel » avec la Thaïlande lors d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) relative aux affrontements entre les deux voisins, qui ont fait 33 morts, a annoncé son ambassadeur auprès de l’ONU.
Phnom Penn a « appelé à une résolution pacifique du conflit », a également déclaré Chhea Keo à quelques journalistes à l’issue de cette réunion à huis clos. « Comment peuvent-ils [les Thaïlandais] nous accuser, nous un petit pays avec une armée trois fois plus petite et sans force aérienne », d’attaquer « un grand voisin », a-t-il ajouté.
Le Conseil de sécurité de l’ONU a, de son côté, « appelé les deux parties à une retenue maximale et à une solution diplomatique ». Aucun autre participant à cette réunion d’urgence, demandée par le premier ministre cambodgien, Hun Manet, n’a souhaité s’exprimer.
Le différend frontalier entre les deux pays donne lieu à un niveau de violence qui n’avait plus été vu depuis 2011, impliquant des avions de combat, des tanks, des troupes au sol et des tirs d’artillerie dans plusieurs endroits disputés.