Le Conseil de sécurité se réunit, dimanche matin, en urgence, sur la situation à Gaza, après que le gouvernement israélien a adopté un plan visant à la prise de contrôle militaire complète de l'enclave palestinienne ravagée par la guerre.
« Ce Conseil doit exiger d’Israël qu’il se conforme à ses obligations en vertu du droit international humanitaire. Les annonces et demi-mesures ne suffisent pas »
Le représentant de la France a condamné dans les termes les plus forts le plan du gouvernement israélien d’étendre ses opérations militaires pour prendre le contrôle de la ville de Gaza en vue de contrôler militairement l’ensemble de la bande de Gaza.
Ces actions constitueraient de nouvelles violations caractérisées du droit international d’une extrême gravité, représenteraient une menace pour la sécurité régionale et mèneraient à une impasse absolue, a-t-il prévenu.
Selon lui, la mise en œuvre de la décision du gouvernement israélien, prise contre l’avis-même de l’armée israélienne, ne contribuera en rien à la sécurité d’Israël et de ses ressortissants, en particulier celle des otages encore détenus par le Hamas à Gaza.
Il a ensuite appelé les États Membres à endosser la Déclaration de New York, qui propose des mesures concrètes pour préserver la solution des deux États.
Le représentant du Royaume-Uni a appelé Israël à revenir immédiatement sur sa décision de prendre le contrôle de Gaza City. Une intensification militaire ne permettra pas de ramener les otages, risquant au contraire d’aggraver leur sort. Elle ne contribuera pas non plus à mettre fin au conflit et ne fera que verser plus de sang.
Une solution diplomatique est possible, mais les deux parties doivent renoncer au chemin de la destruction, parvenir à un cessez-le-feu et s’engager en faveur de la paix, a-t-il dit.
Je suis extrêmement préoccupé par le bilan humain de plus en plus lourd qui va encore s’alourdir avec la décision du Gouvernement israélien d’élargir ses opérations militaires à Gaza, a déclaré M. Ramesh Rajasinghan, Chef de la liaison genevoise du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Nous avons atteint un jalon bien sombre dans la communauté humanitaire, a-t-il dit, dénonçant les campagnes de diffamation alors que les mots manquent pour décrire la situation humanitaire à Gaza.
La tactique consistant à affamer les gens est tout simplement insupportable et insoutenable, a dénoncé le Chef de la liaison genevoise d’OCHA.
Les Palestiniens de Gaza, a-t-il encore dénoncé, vivent dans une zone non sécurisée qui représente moins de 14% du territoire et ce, dans des conditions sanitaires abominables.
Le Chef de la liaison genevoise d’OCHA a tout de même noté une petite amélioration dans l’acheminement de l’aide, tout en craignant qu’elle ne soit éphémère.
Laissez-nous travailler et offrez-nous un accès humanitaire prévisible, a-t-il plaidé, en soulignant que dans toute guerre le droit international humanitaire doit être la boussole.
« La dernière décision du gouvernement israélien risque d'ouvrir un nouveau chapitre terrifiant dans ce conflit »
(Sous-Secrétaire général pour l’Europe, l’Asie centrale et les Amériques)
M. Miroslav Jenča a indiqué que le 8 août, le cabinet du Premier Ministre d’Israël a annoncé que les Forces de défense israéliennes (FDI) se prépareraient à prendre le contrôle de Gaza City, tout en fournissant une aide humanitaire hors des zones de combat.
Pour l’instant, l’ONU donne peu d'informations officielles sur les plans militaires israéliens, mais selon les médias israéliens, a-t-il rapporté, le gouvernement prévoit le déplacement de tous les civils de Gaza City d'ici le 7 octobre 2025, affectant quelque 800 000 personnes, dont beaucoup étaient déjà déplacées. Des informations indiquent que l'armée israélienne encerclerait ensuite la ville pendant trois mois. Il faudrait deux mois supplémentaires pour prendre le contrôle des camps du centre de Gaza et débarrasser toute la zone des groupes armés palestiniens.
Si ces plans sont mis en œuvre, ils risquent de déclencher une nouvelle catastrophe à Gaza, qui se répercuterait dans toute la région et provoquerait de nouveaux déplacements forcés, morts, et destructions, s’est alarmé le haut fonctionnaire.
L'ONU a été sans équivoque : le seul moyen de mettre fin aux immenses souffrances humaines à Gaza est un cessez-le-feu total, immédiat et permanent. Tous les otages doivent être libérés immédiatement et sans condition. Israël doit respecter ses obligations au titre du droit international humanitaire, en permettant l'acheminement rapide, sûr, sans entrave et à grande échelle de l'aide humanitaire à la population, a dit M. Jenča.
La tenue de cette réunion a été demandée par le Danemark, la France, la Grèce, la Slovénie et le Royaume-Uni et soutenue par tous les membres du Conseil, à l'exception des États-Unis.