Une charge frontale contre Martinique la 1ère, la chaîne de service public.
À la veille de la deuxième journée du procès de Serge Letchimy et sa clique PPM devant la 32e chambre correctionnelle de Paris – où Didier Laguerre, Yvon Pacquit et Max Bunod doivent s'expliquer sur leur rôle dans la "retraite dorée" à 189 000 € –, une bombe tombe dans les boîtes mail et les réseaux : une lettre ouverte signée par une vingtaine de militants du Parti Progressiste Martiniquais (PPM).
Pas de soutien inconditionnel à leur chef, non : une charge frontale contre Martinique la 1ère, accusée de "biais idéologique" et de "traitement partial" de l'information sur l'affaire. "Nos confrères de La 1ère ont transformé un dossier administratif légitime en chasse aux sorcières", tonne le document, qui pue le communiqué de crise recyclé en appel au secours.
C'est une levée de boucliers contre la couverture de l'affaire.
Depuis l'ouverture de l'audience lundi 17, les reportages de la chaîne publique – "Le procès de Serge Letchimy et Didier Laguerre pour détournement de fonds publics et recel s'ouvre à Paris ce lundi" – ont accumulé les vues, sans complaisance pour la "différence d’interprétation" brandie par les accusés.
Le PPM, par ce communiqué, semble reprocher à ces "révélations" (ou prétendues telles) de saper l'image d'une procédure "légitime", validée en 2002 par un conseil municipal unanime et co-construite avec l'État.

Ce n'est pas la première fois que le PPM tape sur La 1ère. Souvenez-vous de septembre 2023 : une lettre ouverte de deux historiques, Rodolphe Désiré (ex-secrétaire général) et Michel Ponnamah (ex-bureau politique), fustigeait déjà les orientations de Letchimy sur le créole – et par ricochet, la couverture médiatique jugée trop complaisante envers l'État.
Ou en novembre 2024, quand Letchimy lui-même adressait une missive au préfet pour ses propos dans "Politik Péyi" sur La 1ère, accusant l'émission de partialité pro-État.
Aujourd'hui, cette nouvelle salve sent le désespoir : alors que la QPC (question prioritaire de constitutionnalité) a été rejetée lundi comme une requête bidon, et que l'inéligibilité plane sur les municipales 2026, les militants PPM cherchent un bouc émissaire pour sauver la face.
"La 1ère n'est pas un média, c'est un outil de déstabilisation", assène la lettre, appelant à une "mobilisation pour la vérité progressiste".
Sur X, l'info explose en mode pugilat : Certains blogs raillent "les militants PPM qui s'affolent avant le procès, comme des poules sans tête", tandis que des soutiens PPM balancent #LibertéDeLaPresse ou Outremers360 titre sobrement : "PPM vs médias : une guerre qui masque le vrai scandale".
Et pour cause : pendant que les barons du Balisier pleurnichent sur la "chasse médiatique", les faits parlent : réintégration fictive de Letchimy en 2016 malgré le non-cumul des mandats, paiements forcés (23 465 € de congés, 67 552 € de prime, 97 984 € de pension indue), alertes ignorées de la Chambre régionale des comptes. Peines encourues ? 10 ans de taule, 1 M€ d'amende – un marteau qui pourrait pulvériser Fort-de-France et la CTM.
Cette lettre ouverte n'est pas un appel à la raison : c'est un aveu d'impuissance. Critiquer La 1ère, c'est détourner les yeux du vrai procès – celui de la probité d'un PPM englué dans le clientélisme depuis des lustres. Les militants signataires méritent mieux que d'être les pompiers pyromanes de Letchimy.
Aujourd'hui, au cœur du scandale, viser les confrères qui informent, c'est risquer de passer pour des autruches face à la justice. Le vrai procès, c'est celui de la crédibilité.
Et les Martiniquais ? Ils exigent des faits, pas des communiqués larmoyants. Que la justice tranche jeudi, et que les médias – La 1ère en tête – continuent de creuser sans trembler. C'est leur droit.