À Nice, ce n’est pas un loup ou un rouget que l’on a hissé sur le vieux port, mais une statistique : 35 % — soit la part des stocks mondiaux de poissons aujourd’hui surexploitée, selon un rapport dévoilé en marge de la troisième Conférence des Nations Unies sur l’océan.
Alors que les délégués affluaient sur les quais du port Lympia, entre les yachts amarrés et les tentes dressées pour accueillir les discussions, ce chiffre alarmant a jeté un froid sur la troisième journée du sommet onusien. La surpêche, le changement climatique et la faiblesse des systèmes de gestion pèsent de plus en plus lourd sur la santé des mers.
Le nouveau rapport, présenté lors d’une conférence de presse par le biologiste Manuel Barange, Sous-directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), dresse un tableau sans fard : les océans s’épuisent à force d’être ponctionnés. « Pour le dire en des termes financiers », confie-t-il, « nous retirons plus que les intérêts : nous attaquons le capital ».
Intitulée « État des ressources marines halieutiques mondiales 2025 », l’étude de la FAO s’appuie sur l’analyse de 2.570 stocks de poissons — un échantillon d’une ampleur inédite. Le constat est nuancé : si plus d’un tiers des stocks sont en situation critique, 77 % des poissons consommés dans le monde proviennent encore de pêcheries bien gérées, preuve que des politiques efficaces peuvent porter leurs fruits.
« Quand la gestion est rigoureuse, ça fonctionne », martèle M. Barange. « On sait comment reconstituer les populations ».
Quelques jours après l’ouverture de la conférence, ce message fait écho à celui qu’António Guterres avait livré lors de son discours inaugural : « Ce qui a été perdu en l’espace d’une génération peut renaître en l’espace d’une autre », avait promis le Secrétaire général de l’ONU.