Dans un paysage politique français en pleine effervescence, l'idée d'une "union des droites" refait surface avec force.
Héritage des tensions post-législatives de 2024 et des crises budgétaires de 2025, cette alliance potentielle entre Les Républicains (LR) et le Rassemblement National (RN) divise autant qu'elle séduit. Alors que le gouvernement Lecornu peine à trouver une majorité stable, les appels à une coalition de la droite et de l'extrême droite se multiplient. Mais est-ce un projet viable ou un simple jeu de cache-cache électoral ?
Les Républicains, déjà fracturés sur le soutien au gouvernement, se retrouvent au cœur d'un dilemme stratégique. Bruno Retailleau, figure influente du parti, a récemment lancé une consigne ambiguë qui fragilise la "digue" traditionnelle séparant LR du RN. Des déclarations de certains élus, comme Philippe Gosselin, rejettent fermement tout "renversement d'alliance" avec le RN, arguant que cela trahirait les valeurs gaullistes du parti. Pourtant, la danse du ventre du bloc souverainiste – emmené par Marine Le Pen et Jordan Bardella – exerce une pression croissante. Dans l'hypothèse d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée, le RN n'exclut pas un "accord de gouvernement" inédit avec des élus extérieurs à son camp. Ce spectre d'union s'invite même dans la crise politique actuelle, où LR doit naviguer entre concessions au PS et tentations populistes. "Plus que jamais fracturés", les Républicains risquent l'implosion si cette question n'est pas tranchée avant les échéances de 2026.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : une majorité d'électeurs de droite plébiscite cette alliance. Selon un sondage Ifop pour Valeurs actuelles publié le 13 octobre, 52 % des Français se déclarent favorables à une "coalition des droites" à la tête de l'État, avec plus de 80 % des sympathisants RN et LR y adhérant. Ce consensus transcende les clivages internes : 82 % des Républicains et 88 % des insoumis du RN y voient une solution à la paralysie parlementaire.À l'étranger, des modèles comme l'Italie de Giorgia Meloni inspirent, où une alliance entre droite et extrême droite a permis une gouvernance stable. En France, cependant, le concept peine à convaincre les élites : "Un concept qui peine à convaincre", résume un podcast de France Info, soulignant les résistances idéologiques et les risques de stigmatisation.
Au-delà des calculs électoraux, cette union pose des questions fondamentales. Elle pourrait offrir une alternative à l'exécutif minoritaire de Lecornu, en capitalisant sur des thèmes communs comme l'immigration, la sécurité et les finances publiques. Mais les oppositions internes – au sein de LR comme du RN – et les craintes d'un "front républicain" revigoré risquent de torpiller le projet. L'Union des Droites pour la République (UDR), groupe parlementaire historique, rappelle que de telles alliances ont existé par le passé, mais dans un contexte différent. Aujourd'hui, avec les municipales de 2026 en vue, le débat s'intensifie : alliance tactique ou fusion idéologique ?
L'alliance des droites n'est plus un tabou, mais un pari risqué. Tandis que les sondages dopent l'enthousiasme des bases, les états-majors hésitent. Reste à savoir si cette union portera ses fruits ou se soldera par un nouveau schisme. L'actualité des prochains jours, marquée par le discours de politique générale et les motions de censure déposées par LFI et le RN nous le dira.